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    J'ai vu le soleil se lever
    dans tant et tant de pays
    je ne savais plus lequel
    était le mien
    le jour oscillait
    lampe incertaine dans ma nuit
    le rif le souk le môle
    la vallée millénaire
    bergers de l'Atlas
    boutre coutre Seychelles
    je l'ai vu se coucher
    le jour passait comme une flèche
    et chaque soir me frappait en plein cœur
    comme le dernier

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    Forêts solitaires et sombres,
    Je viens, dévoré de douleurs,
    Sous vos majestueuses ombres,
    Du repos qui me fuit respirer les douceurs.

    Recherchez, vains mortels, le tumulte des villes ;
    Ce qui charme vos yeux aux miens est en horreur :
    Ce silence imposant, ces lugubres asiles,
    Voilà ce qui peut plaire au trouble de mon cœur.

    Arbres, répondez-moi !... Cachez-vous ma Sylvie ?
    Sylvie, ô ma Sylvie !... Elle ne m'entend pas.
    Tyrans de ces forêts, me l'auriez-vous ravie ?
    Hélas ! Je cherche en vain la trace de ses pas.

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    Mon Amour est légèrement vêtue
    Sous les pommiers,
    Où les vents joyeux ont le plus grand désir
    De courir en compagnie

    Là, où se tiennent les vents joyeux pour faire de l'oeil
    Aux jeunes feuilles qui passent.
    Mon amour va lentement, penchée sur
    Son ombre dans l'herbage;

    Et où le ciel est une coupe bleu pale
    Sur la lande riante,
    Mon amour va légère, relevant
    Sa robe de ses mains mignonnes

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    J'avais toujours rêvé le bonheur en ménage,
    Comme un port où le cœur, trop longtemps agité,
    Vient trouver, à la fin d'un long pèlerinage,
    Un dernier jour de calme et de sérénité.

    Une femme modeste, à peu près de mon âge
    Et deux petits enfants jouant à son côté ;
    Un cercle peu nombreux d'amis du voisinage,
    Et de joyeux propos dans les beaux soirs d'été.

    J'abandonnais l'amour à la jeunesse ardente
    Je voulais une amie, une âme confidente,
    Où cacher mes chagrins, qu'elle seule aurait lus ;

    Le ciel m'a donné plus que je n'osais prétendre ;
    L'amitié, par le temps, a pris un nom plus tendre,
    Et l'amour arriva qu'on ne l'attendait plus.

    --------------

    Mon âme a son secret, ma vie a son mystère,
    Un amour éternel en un moment conçu :
    Le mal est sans espoir, aussi j'ai dû le taire,
    Et celle qui l'a fait n'en a jamais rien su.

    Hélas ! j'aurai passé près d'elle inaperçu,
    Toujours à ses côtés, et pourtant solitaire.
    Et j'aurai jusqu'au bout fait mon temps sur la terre,
    N'osant rien demander et n'ayant rien reçu.

    Pour elle, quoique Dieu l'ait faite douce et tendre,
    Elle suit son chemin, distraite et sans entendre
    Ce murmure d'amour élevé sur ses pas.

    À l'austère devoir, pieusement fidèle,
    Elle dira, lisant ces vers tout remplis d'elle
    " Quelle est donc cette femme ? " et ne comprendra pas.

    --------------

    Tu sais l'amour et son ivresse
    Tu sais l'amour et ses combats ;
    Tu sais une voix qui t'adresse
    Ces mots d'ineffable tendresse
    Qui ne se disent que tout bas.

    Sur un beau sein, ta bouche errante
    Enfin a pu se reposer,
    Et sur une lèvre mourante
    Sentir la douceur enivrante
    Que recèle un premier baiser...

    Maître de ces biens qu'on envie
    Ton cœur est pur, tes jours sont pleins !
    Esclave à tes vœux asservie,
    La fortune embellit ta vie
    Tu sais qu'on t'aime, et tu te plains !

    Et tu te plains ! et t'exagères
    Ces vagues ennuis d'un moment,
    Ces chagrins, ces douleurs légères,
    Et ces peines si passagères
    Qu'on ne peut souffrir qu'en aimant !

    Et tu pleures ! et tu regrettes
    Cet épanchement amoureux !
    Pourquoi ces maux que tu t'apprêtes ?
    Garde ces plaintes indiscrètes
    Et ces pleurs pour les malheureux !

    Pour moi, de qui l'âme flétrie
    N'a jamais reçu de serment,
    Comme un exilé sans patrie,
    Pour moi, qu'une voix attendrie
    N'a jamais nommé doucement,

    Personne qui daigne m'entendre,
    A mon sort qui saigne s'unir,
    Et m'interroge d'un air tendre,
    Pourquoi je me suis fait attendre
    Un jour tout entier sans venir.

    Personne qui me recommande
    De ne rester que peu d'instants
    Hors du logis ; qui me gourmande
    Lorsque je rentre et me demande
    Où je suis allé si longtemps.

    Jamais d'haleine caressante
    Qui, la nuit, vienne m'embaumer ;
    Personne dont la main pressante
    Cherche la mienne, et dont je sente
    Sur mon cœur les bras se fermer !

    Une fois pourtant - quatre années
    Auraient-elles donc effacé
    Ce que ces heures fortunées
    D'illusions environnées
    Au fond de mon âme ont laissé ?

    Oh ! c'est qu'elle était si jolie !
    Soit qu'elle ouvrit ses yeux si grands,
    Soit que sa paupière affaiblie
    Comme un voile qui se déplie
    Éteignit ses regards mourants !

    - J'osai concevoir l'espérance
    Que les destins moins ennemis,
    Prenant pitié de ma souffrance,
    Viendraient me donner l'assurance
    D'un bonheur qu'ils auraient permis :

    L'heure que j'avais attendue,
    Le bonheur que j'avais rêvé
    A fui de mon âme éperdue,
    Comme une note suspendue,
    Comme un sourire inachevé !

    Elle ne s'est point souvenue
    Du monde qui ne la vit pas ;
    Rien n'a signalé sa venue,
    Elle est passée, humble, inconnue,
    Sans laisser trace de ses pas.

    Depuis lors, triste et monotone,
    Chaque jour commence et finit :
    Rien ne m'émeut, rien ne m'étonne,
    Comme un dernier rayon d'automne
    J'aperçois mon front qui jaunit.

    Et loin de tous, quand le mystère
    De l'avenir s'est refermé,
    Je fuis, exilé volontaire !
    - Il n'est qu'un bonheur sur la terre,
    Celui d'aimer et d'être aimé.

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    Vert et je te veux vert.
    Vent vert. Vertes branches.
    Le bateau sur la mer,
    le cheval dans la montagne.
    L'ombre autour de la ceinture,
    elle rêve à son balcon,
    chair verte, verts cheveux
    avec des yeux d'argent froid.
    Vert et je te veux vert.
    Dessous la lune gitane,
    toutes les choses la regardent
    mais elle ne peut pas les voir.

    Vert et je te veux vert.
    De grandes étoiles de givre
    suivent le poisson de l'ombre
    qui trace à l'aube son chemin.
    Le figuier frotte le vent
    à la grille de ses branches
    et la montagne, chat rôdeur,
    hérisse ses durs agaves.
    Mais qui peut venir ? Et par où ?
    Elle est là sur son balcon,
    chair verte, cheveux verts,
    rêvant à la mer amère.

    L'ami, je voudrais changer
    mon cheval pour ta maison,
    mon harnais pour ton miroir,
    mon couteau pour ta couverture.
    L'ami, voilà que je saigne
    depuis les cols de Cabra.
    Si je le pouvais, petit,
    l'affaire serait déjà faite.
    Mais moi je ne suis plus moi
    et ma maison n'est plus la mienne.

    L'ami, je voudrais mourir dans
    mon lit, comme tout le monde.
    Un lit d'acier, si possible,
    avec des draps de hollande.
    Vois-tu cette plaie qui va
    de ma poitrine à ma gorge ?
    Il y a trois cents roses brunes
    sur le blanc de ta chemise.
    Ton sang fume goutte à goutte
    aux flanelles de ta ceinture.
    Mais moi je ne suis plus moi et
    ma maison n'est plus la mienne.
    Laissez-moi monter au moins
    jusqu'aux balustrades hautes.
    De grâce, laissez-moi monter
    jusqu'aux vertes balustrades.
    Jusqu'aux balcons de la lune
    là-bas où résonne l'eau.

    Ils montent déjà, tous les deux,
    vers les balustrades hautes.
    Laissant un sentier de sang.
    Laissant un sentier de larmes.
    Sur les toitures tremblaient
    des lanternes de fer-blanc.
    Mille tambourins de verre
    déchiraient le petit jour.

    Vert et je te veux vert,
    vent vert, vertes branches.
    Ils ont monté, tous les deux.
    Le vent laissait dans la bouche
    un étrange goût de fiel,
    de basilic et de menthe.
    L'ami, dis-moi, où est-elle ?
    Où est-elle, ta fille amère ?
    Que de fois elle t'attendait!
    Que de fois elle a pu t'attendre,
    frais visage, cheveux noirs,
    à la balustrade verte !

    Sur le ciel de la citerne
    la gitane se berçait.
    Chair verte, cheveux verts
    avec ses yeux d'argent froid.
    Un petit glaçon de lune
    la soutient par-dessus l'eau.
    La nuit devint toute menue,
    intime comme une place.
    Des gardes civils ivres morts
    donnaient des coups dans la porte.
    Vert et je te veux vert.
    Vent vert. Vertes branches.
    Le bateau sur la mer,
    le cheval dans la montagne.

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