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    DE PROFUNDIS

    Dites-moi les mots des pauvres gens, ceux qui effleurent le sol de leurs souliers trop grands.
    Dites-moi les maux des pauvres gens, portant haillons de bure, déchirés mais vivants.

    Ils marchent sur la vie, apeurés et bancals, la peur de l’autre les a rendus si mal,
    Qu’ils n’ont que leur regard pour unique pays, et voyagent en rêve dans des mondes interdits.

    Je suis de ces gens-là et je traîne ma peine, sur le velours joli de vos miroirs de haine.
    J’avance sur la terre la robe tâchée de sang, que vous avez giclé sur un tissu trop blanc.

    Si vous m’aviez dit les mots des pauvres gens, simples et vrais, sans jamais me salir,
    J’aurais pu me guérir des maux qui m’ont saignée, sans jamais défaillir.

    Aujourd’hui je suis lasse, et je courbe l’échine que vous avez cassée par tant d’ingratitude.
    Je regarde ma vie s’égrainer peu à peu, je vois venir la fin de toutes mes certitudes.

    Venant peindre vos vies aux rancunes de la mienne, du gris, du noir et si peu de caresses,
    Que ces mots vous questionnent et posent sur vos griffes un semblant de tendresse.

    9/10/2012

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    LA MORT

    Cette absence de vie qu'on appelle la mort
    Ne serait-ce simplement que l'envers du décor
    Il y aurait des soleils, il y aurait des jardins
    Et les jours couleraient comme des lendemains

    Nous serions lumière et nous serions la vie
    Dansant et voguant par delà l'infini
    De nos corps décharnés nous aurions fait le deuil
    Et quitté à jamais la toile du linceul

    Regarde dans mes yeux, tu y verras mon âme
    Le dernier de mes souffles attisera la flamme
    Je serai près de toi bien plus que tu le crois
    Dans chacun de tes gestes et tes chemins de croix

    Ecoute dans le silence cette voix en dedans
    Tu es riche de ça, habité et vivant
    Et si un jour tu meurs comme meurent les chiens
    Je viendrai te chercher, te montrer le chemin

    Poésie Néo-Classique : 1° prix, concours SPAF 2013.

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    SA JEUNESSE

    On garde toujours en soi sa jeunesse.
    Elle est en nous dans les jours de détresse
    Comme dans les moments de liesse.
    Il fallait Anna que je te le confesse.

    Je frissonne encore au souffle du vent
    Et d’un air innocent, crois que j’aie du talent.
    Je caresse toujours la mousse des bois,
    Fragile et ébranlée par le moindre faux pas.

    Toutes les rides que tu vois, et bien, n’y crois pas.
    En moi voyagent des images et des bateaux,
    des océans et des oiseaux, et tellement de poésie ;
    car vois-tu Anna, jamais l’esprit ne vieillit.

    Je suis la petite fille toujours émerveillée
    A la vue du petit écureuil libre et perché
    Sur l’arbre de vie au tronc si écorché
    Qu’il pourrait nous faire croire qu’il est désespéré.

    N’oublie jamais d’où tu viens, ton pays.
    Tu es de cette terre sauvage à l’infini
    Qui a donné d’elle-même au péril de sa vie
    Et regarde le ciel dans un sourire ravi.

    Au jour du dernier jour de mes amours anciennes,
    Je garderai ma main dans la tienne.
    Car Anna, vois-tu, il faut que tu comprennes
    Que ma vie sera toujours en toi, souveraine.

    A ma fille chérie, Anna.

    17 Février 2013

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    Fille de la Mer
    Où t'en vas-tu
    Lorsque tu marches à demi-nue
    Le long des sentiers perdus

    Fille de la Mer Comprends-tu
    L'histoire du vent ton ami
    Qui caresse tes cheveux épis
    Tu passes légère
    Sur la vie En ne laissant derrière
    Que l'effluve des algues chimères
    Toi qui rêve de toucher les baleines
    Le sais-tu Fille de la Mer
    Tu es née d'une Sirène

    Mémoire d'un temps révolu
    Tu es des femmes de marins
    Vêtues de noir
    qui attendaient sans fin
    Longtemps leurs amants disparus
    Vivante, troublante
    Solide comme le rocher
    Contre la vie méchante
    Tu as su t'armer

    Tu dores ta peau
    Au sable chaud
    Culte à la beauté
    Qui laisse les hommes désarmés
    Et tes hanches ondulent
    Vagues du crépuscule
    Le long de ton dos
    Caresse des flots

    Tu es de l'océan l'apanage
    Et à jamais sur cette terre
    Tu resteras l'image sans âge
    De celle qui est venue de la Mer
    Et quand tu seras partie
    Très loin de ton pays
    Tu emporteras dans tes yeux
    Le bleu pur et profond
    De la Mer et des Cieux

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    Les écrits de Patricia Le Marchand (liens) :

    http://www.publibook.com/librairies/publibook/images/1008PREV.pdf
    http://www.chez.com/damienbe/


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    Seigneur ! Je suis sans pain, sans rêve et sans demeure.
    Les hommes m'ont chassé parce que je suis nu,
    Et ces frères en vous ne m'ont pas reconnu
    Parce que je suis pâle et parce que je pleure.

    Je les aime pourtant comme c'était écrit
    Et j'ai connu par eux que la vie est amère,
    Puisqu'il n'est pas de femme qui veuille être ma mère
    Et qu'il n'est pas de cœur qui entende mes cris.

    Je sens, autour de moi, que les bruits sont calmés,
    Que les hommes sont las de leur fête éternelle.
    Il est bien vrai qu'ils sont sourds à ceux qui appellent
    Seigneur ! Pardonnez-moi s'ils ne m'ont pas aimé !

    Seigneur ! J'étais sans rêve et voici que la lune
    Ascende le ciel clair comme une route haute.
    Je sens que son baiser m'est une pentecôte,
    Et j'ai mené ma peine aux confins de sa dune.

    Mais j'ai bien faim de pain, Seigneur ! Et de baisers,
    Un grand besoin d'amour me tourmente et m'obsède,
    Et sur mon banc de pierre rude se succèdent
    Les fantômes de Celles qui l'auraient apaisé.

    Le vol de l'heure émigre en des infinis sombres,
    Le ciel plane, un pas se lève dans le silence,
    L'aube indique les fûts dans la forêt de l'ombre,
    Et c'est la Vie énorme encor qui recommence !

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    En te cherchant
    au seuil de la montagne je pleure
    Au seuil de la mer et de l'herbe.

    En te cherchant
    au passage des vents je pleure
    Au carrefour des saisons,
    Dans le châssis cassé d'une fenêtre qui prend
    Le ciel enduit de nuages
    Dans un vieux cadre.

    En attendant ton image
    Ce cahier vide
    Jusqu'à quand
    Jusqu'à quand
    Se laissera t'il tourner les pages ?

    Accueillir le flux du vent et de l'amour
    Dont la sœur est la mort
    Et l'éternité
    Son mystère qu'elle t'a soufflé
    Tu devins alors le corps d'un trésor
    Essentiel et désirable
    Comme un trésor
    Par qui la possession de la terre et des pays
    Est devenue ce que le cœur accueille.

    Ton nom est un moment d'aurore qui sur le front du ciel passe
    - Que ton nom soit béni ! -

    Et nous encore
    Nous revoyons
    La nuit et le jour
    et l'encore.

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    Italie, Italie, ô terre où toutes choses
    Frissonnent de soleil, hormis tes méchants vins !
    Paradis où l'on trouve avec des lauriers-roses
    Des sorbets à la neige et des ballets divins !

    Terre où le doux langage est rempli de diphtongues !
    Voici qu'on pense à toi, car voici venir mai,
    Et nous ne verrons plus les redingotes longues
    Où tout parfait dandy se tenait enfermé.

    Sourire du printemps, je t'offre en holocauste
    Les manchons, les albums et le pesant castor.
    Hurrah ! gais postillons, que les chaises de poste
    Volent, en agitant une poussière d'or !

    Les lilas vont fleurir, et Ninon me querelle,
    Et ce matin j'ai vu mademoiselle Ozy
    Près des Panoramas déployer son ombrelle :
    C'est que le triste hiver est bien mort, songez-y !

    Voici dans le gazon les corolles ouvertes,
    Le parfum de la sève embaumera les soirs,
    Et devant les cafés, des rangs de tables vertes
    Ont par enchantement poussé sur les trottoirs.

    Adieu donc, nuits en flamme où le bal s'extasie !
    Adieu, concerts, scottishs, glaces à l'ananas ;
    Fleurissez maintenant, fleurs de la fantaisie,
    Sur la toile imprimée et sur le jaconas !

    Et vous, pour qui naîtra la saison des pervenches,
    Rendez à ces zéphyrs que voilà revenus,
    Les légers mantelets avec les robes blanches,
    Et dans un mois d'ici vous sortirez bras nus !

    Bientôt, sous les forêts qu'argentera la lune,
    S'envolera gaîment la nouvelle chanson ;
    Nous y verrons courir la rousse avec la brune,
    Et Musette et Nichette avec Mimi Pinson !

    Bientôt tu t'enfuiras, ange Mélancolie,
    Et dans le Bas-Meudon les bosquets seront verts.
    Débouchez de ce vin que j'aime à la folie,
    Et donnez-moi Ronsard, je veux lire des vers.

    Par ces premiers beaux jours la campagne est en fête
    Ainsi qu'une épousée, et Paris est charmant.
    Chantez, petits oiseaux du ciel, et toi, poète,
    Parle ! Nous t'écoutons avec ravissement.

    C'est le temps où l'on mène une jeune maîtresse
    Cueillir la violette avec ses petits doigts,
    Et toute créature a le cœur plein d'ivresse,
    Excepté les pervers et les marchands de bois !

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    Si l'amour n'existe pas, O Dieu, alors qu'est-ce que je ressens ?
    Et si l'amour existe, quelle chose est-il, qui n'est pas le néant ?
    Si l'amour est bon, d'où vient mon malheur ?
    S'il est mauvais, une merveille, il me semble, en demeure,
    Quand chaque adversité et tourment
    Qui viennent de lui, me semblent nectar gourmand,
    Car plus j'en ai soif, plus j'en suis buveur.

    Et s'il vient de mon propre désir que ma brûlure jamais ne soit éteinte,
    D'où viennent mes gémissements et ma plainte ?
    Si mes maux m'agréent, alors à qui est-ce que me plains ?
    Je ne sais pourquoi, infatigable, je n'en défaille pas moins.
    O mort vivace, O doux coup, aux si désuètes arrière-pensées,
    Comment, se peut-il, de toi, y avoir, en moi, si grande quantité,
    A moins que je ne consente que tu sois ainsi invité ?

    Et si j'y consens, elle est à ma charge
    Ma plainte, vraiment: Ainsi ballotté de long en large
    Sans gouvernail dans un bateau je suis;
    Au milieu de la mer, deux risées essuie,
    Qui toujours l'une contre l'autre, soufflent batailleuses.
    Hélas! Quelle est cette maladie merveilleuse ?
    De la chaleur du froid, de la froidure du chaud, mourant je suis...

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