• --------------

    Ne te tiens pas devant ma tombe en pleurant,
    Je ne suis pas là, je ne dors pas.
    Je suis maintenant les mille vents qui soufflent,
    Je suis les reflets étincelants sur la neige.
    Je suis la lumière du soleil qui fait mûrir les grains,
    Je suis la douce pluie de l'automne.

    Quand tu t'éveilles dans la paix du matin,
    Je suis le mouvement rapide
    Des oiseaux qui s'envolent en cercle dans le ciel.
    Je suis les douces étoiles qui brillent dans la nuit.

    Ne te tiens pas devant ma tombe en pleurant ;
    Je ne suis pas là, je suis partout, vivant...

    Do not stand at my grave and weep
    I am not there. I do not sleep.
    I am a thousand winds that blow.
    I am the diamond glints on snow.
    I am the sunlight on ripened grain.
    I am the gentle autumn rain.

    When you awaken in the morning's hush
    I am the swift uplifting rush.
    Of quiet birds in circled flight.
    I am the soft stars that shine at night.

    Do not stand at my grave and cry ;
    I am not there. I did not die.

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  • --------------

    La neige - le pays en est tout recouvert -
    Déroule, mer sans fin, sa nappe froide et vierge,
    Et, du fond des remous, à l'horizon désert,
    Par des vibrations d'azur tendre et d'or vert,
    Dans l'éblouissement, la pleine lune émerge.

    A l'Occident s'endort le radieux soleil,
    Dans l'espace allumant les derniers feux qu'il darde
    A travers les vapeurs de son divin sommeil,
    Et la lune tressaille à son baiser vermeil
    Et, la face rougie et ronde, le regarde.

    Et la neige scintille, et sa blancheur de lis
    Se teinte sous le flux enflammé qui l'arrose.
    L'ombre de ses replis a des pâleurs d'iris,
    Et, comme si neigeaient tous les avrils fleuris,
    Sourit la plaine immense ineffablement rose.

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  • --------------

    Et tu viendras me servir
    En bougeant autour de moi
    Et je sentirais l'odeur
    De sous tes bras
    Et même tes cheveux gras
    De l'odeur des frites
    Me feront rêver et c'est dix fois
    Que je recommande
    Fais monter la pression Julie
    Et pendant que t'y es
    Mets-y un peu de Picon
    Fais monter la pression Julie
    il est même plus question d'oubli
    Allez sers-moi encore une fois
    Et si tu plantes tes yeux
    Dans mon ivresse
    En essuyant tes verres avec tendresse
    Et que petite sœur de malheur
    Tu réveilles en moi l'inceste
    Je ne te parlerai pas de ma femme
    Qu'est partie même pas pour un autre
    Et je ferai tout pour que tu croies
    Que je suis un homme libre
    Et si toi aussi t'en as marre
    Et que tu te seras servi au comptoir
    Dans la belle brochette de baveux
    Qu'ont tous la même couleur
    Au fond des yeux
    Et que tu m'emmènes chez toi
    juste parce qu'il fait chaud
    Et qu'il n'y a rien d'autre à faire
    Que de baiser
    Un instant court instant
    Un crachat dans le néant
    Juste pour pouvoir dormir
    Enfin d'un sommeil de plomb
    Et a mille bornes de l'espoir
    Mais comblé pour un soir.

    --------------

    C'était un soir de lune,
    Un peu bourré, un peu perdu.
    Mes pas suivaient le ruisseau
    D'un putain de caniveau.
    Sa bouche donnait à rêver
    A n'importe lequel du quartier.
    C'était une de ces grosses keubla,
    Elle s'appelait Seena.
    Alors le rêve ça coûte cent balles,
    Allonge mon vieux, c'est mon casse-dalle.

    Et la lune reflétait par terre
    Comme une étoile de mer,
    Et la lune reflétait par terre
    Comme une étoile de mer.

    J'ai suivi ses pas qui claquaient devant moi,
    Au cent-vingt-huit de la rue Saint-Denis,
    On n'espère pas, on oublie.
    Que la lune reflétait par terre
    comme une étoile de mer.

    Et je marche dans les rues
    Sans savoir, sans savoir vraiment
    Ni comment, ni pourquoi oh oh oh,
    J'en suis arrivé là.

    --------------

    Il fait beau au soleil sur le pont
    Je regarde les gitans de l'autre côté du port
    Ils sont beaux, d'ici je ne vois pas leurs têtes
    Ils sont juste beaux d'être
    Tous ensemble devant leurs caravanes
    A s'agiter autour de leur conversation
    Ils doivent parler très fort
    J'en entends des bribes par-dessus le bruit des voitures
    Leur présence rayonne sur le port
    On sent qu'ils existent très fort

    C'est pas comme l'autre qui vient avec sa Porsche
    Surveiller son petit voilier
    Ni même comme les clodos du pont
    Qui eux rayonnent la résignation, d'ailleurs ils sont partis
    Peut-être bien à cause des gitans,
    Une petite boule rouge s'active autour du groupe
    Elle tient un balai qui fait deux fois sa taille
    Elle fait des pas immenses et secs
    Et le manche virevolte au-dessus de sa tête

    Elle paraît chargée d'électricité
    D'ici, sa robe lui tombant jusqu'aux pieds
    M'apparaît comme un cerf-volant
    Frétillant dans le soleil de printemps

    Je t'avais peint ce tableau avec des mots
    Mais j'ai gardé pour moi cette lettre,
    Cette journée qui m'ouvrait sa fenêtre.

    --------------

    Une robe Gaultier bien serrée et son rouge au coin du bec
    Elle a claqué l'escalier alors la nuit l'a emportée

    Une image comme une autre, un mirage des nuits d'ici
    Une image dans une autre, un mirage des nuits de Paris

    Elle glissait dans la musique en éclairant les regard
    Elle tordait son corps en tournant pour noyer sa tête
    On aurait dit une image de pub
    Une de celles qui font croire au bonheur
    Elle riait de toutes ses dents
    Les dix doigts plantés dans l'instant
    Elle rentrait seule au petit matin
    Poudrer son nez dans son miroir (snifff...)

    En regardant couler des larmes qu'elle oubliera dès ce soir
    Une robe Gaultier bien serrée et son rouge au coin du bec...

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  • --------------

    Dans le silence,
    Le bateau dort
    Et, bord à bord,
    Il se balance.

    Seul, à l'avant,
    Un petit mousse,
    D'une voix douce,
    Siffle le vent.

    Au couchant pâle
    Et violet
    Flotte un reflet
    Dernier d'opale.

    Sur les flots verts,
    Par la soirée
    Rose et moirée
    Déjà couverts,

    Sa lueur joue
    Comme un baiser
    Vient se poser
    Sur une joue.

    Puis, brusquement,
    Il fuit, s'efface,
    Et sur la face
    Du firmament,

    Dans l'ombre claire
    On ne voit plus
    Que le reflux
    Crépusculaire .

    Les flots déteints
    Ont sous la brise
    La couleur grise
    Des vieux étains.

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  • --------------

    Les nuages couraient sur la lune enflammée
    Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
    Et les bois étaient noirs jusqu'à l'horizon.
    Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
    Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
    Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
    Nous avons aperçu les grands ongles marqués
    Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
    Nous avons écouté, retenant notre haleine
    Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
    Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
    La girouette en deuil criait au firmament ;
    Car le vent élevé bien au-dessus des terres,
    N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
    Et les chênes d'en bas, contre les rocs penchés,
    Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
    Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
    Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
    A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt,
    Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
    A déclaré tout bas que ces marques récentes
    Annonçait la démarche et les griffes puissantes
    De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
    Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
    Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
    Nous allions pas à pas en écartant les branches.
    Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
    J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
    Et je vois au-delà quatre formes légères
    Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
    Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
    Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
    Leur forme était semblable et semblable la danse ;
    Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
    Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
    Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
    Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
    Sa louve reposait comme celle de marbre
    Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus
    Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
    Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
    Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
    Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
    Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
    Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
    Du chien le plus hardi la gorge pantelante
    Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
    Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
    Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
    Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
    Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
    Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
    Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
    Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
    Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
    Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
    Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
    Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
    Et, sans daigner savoir comment il a péri,
    Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

    II

    J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
    Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
    A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
    Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
    Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
    Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
    Mais son devoir était de les sauver, afin
    De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
    A ne jamais entrer dans le pacte des villes
    Que l'homme a fait avec les animaux serviles
    Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
    Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

    Hélas ! Ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
    Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
    Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
    C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
    A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
    Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
    - Ah ! Je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
    Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au cœur !
    Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
    A force de rester studieuse et pensive,
    Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
    Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
    Gémir, pleurer, prier est également lâche.
    Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
    Dans la voie où le sort a voulu t'appeler,
    Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "

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