• Pierre Louÿs

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    Qu'on déserte la ville ! Que nul rallume
    L'autel ! Nous laisserons à tout jamais, ce soir,
    Les dieux horribles de la terre, et dans le noir
    Nous partirons, suivis par un frisson d'écume...

    La nef impérieuse à travers l'amertume
    Bondira, tranchant l'eau du fil de son coupoir
    Et nous nous pencherons sur la proue, à l'espoir
    De vos terribles voix, déesses de la brume !

    Grands poissons glauques d'où fleurissent des corps blancs,
    Nus miroirs de la lune et des flots nonchalants,
    Vous qui chantez vos yeux dans les algues, Sirènes !

    Quand nous aurons touché vos bouches, vous pourrez,
    D'un signe seulement de vos doigts adorés,
    Délivrer dans la mort nos âmes plus sereines.

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