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    La voyageuse qui traverse les Halles à la tombée de l'été
    Marchait sur la pointe des pieds
    Le désespoir roulait au ciel ses grands arums si beaux
    Et dans le sac à main il y avait mon rêve ce flacon de sels
    Que seule a respiré la marraine de Dieu
    Les torpeurs se déployaient comme la buée
    Au Chien qui fume
    Ou venaient d'entrer le pour et le contre
    La jeune femme ne pouvait être vue d'eux que mal et de biais
    Avais-je affaire à l'ambassadrice du salpêtre
    Ou de la courbe blanche sur fond noir que nous appelons pensée
    Les lampions prenaient feu lentement dans les marronniers
    La dame sans ombre s'agenouilla sur le Pont-au-Change
    Rue Git-le-Coeur les timbres n'étaient plus les mêmes
    Les promesses de nuits étaient enfin tenues
    Les pigeons voyageurs les baisers de secours
    Se joignaient aux seins de la belle inconnue
    Dardés sous le crêpe des significations parfaites
    Une ferme prospérait en plein Paris
    Et ses fenêtres donnaient sur la voie lactée
    Mais personne ne l'habitait encore à cause des survenants
    Des survenants qu'on sait plus dévoués que les revenants
    Les uns comme cette femme ont l'air de nager
    Et dans l'amour il entre un peu de leur substance
    Elle les intériorise
    Je ne suis le jouet d'aucune puissance sensorielle
    Et pourtant le grillon qui chantait dans les cheveux de cendres
    Un soir près de la statue d'Etienne Marcel
    M'a jeté un coup d'oeil d'intelligence
    André Breton a-t-il dit passe

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    Fanny, l'heureux mortel qui près de toi respire
    Sait, à te voir parler et rougir et sourire,
    De quels hôtes divins le ciel est habité.
    La grâce, la candeur, la naïve innocence
    Ont, depuis ton enfance,
    De tout ce qui peut plaire enrichi ta beauté.

    Sur tes traits, où ton âme imprime sa noblesse,
    Elles ont su mêler aux roses de jeunesse
    Ces roses de pudeur, charmes plus séduisants,
    Et remplir tes regards, tes lèvres, ton langage,
    De ce miel dont le sage
    Cherche lui-même en vain à défendre ses sens.

    Oh ! Que n'ai-je moi seul tout l'éclat et la gloire
    Que donnent les talents, la beauté, la victoire,
    Pour fixer sur moi seul ta pensée et tes yeux ;
    Que, loin de moi, ton cœur fût plein de ma présence,
    Comme, dans ton absence,
    Ton aspect bien-aimé m'est présent en tous lieux !

    Je pense : Elle était là ; tous disaient : " Qu'elle est belle ! "
    Tels furent ses regards, sa démarche fut telle,
    Et tels ses vêtements, sa voix et ses discours.
    Sur ce gazon assise, et dominant la plaine,
    Des méandres de Seine,
    Rêveuse, elle suivait les obliques détours.

    Ainsi dans les forêts j'erre avec ton image ;
    Ainsi le jeune faon, dans son désert sauvage,
    D'un plomb volant percé, précipite ses pas.
    Il emporte en fuyant sa mortelle blessure ;
    Couché près d'une eau pure,
    Palpitant, hors d'haleine, il attend le trépas.

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    Quand on est heureux, on n'a plus rien à espérer.

    Si vous retirez de l'homme ce qui est illusoire, vous retirez tout ce qui est humain.

    Le style, c'est l'homme ; quand le style est obscur, il faut déjà s'inquiéter.

    Parler d'amour n'a jamais suffi à être amoureux ou à s'aimer.

    L'homme n'est pas Dieu. Faisons au moins en sorte, et l'on n'en a jamais fini, qu'il soit a peu près humain.

    Nul, moralement, ne peut être jugé que par Dieu, s'il existe, ou par soi, et cela fait une existence suffisante.

    La morale commence là où aucune punition n'est possible, là où aucune répression n'est efficace, là où aucune condamnation, en tout cas extérieure, n'est nécessaire.

    Une action n'est bonne que si le principe auquel elle se soumet peut être érigé en loi universelle.

    La peur du gendarme est le contraire de la vertu, ou ce n'est vertu que de prudence.

    La morale n'est légitime qu'à la première personne. La morale ne vaut que pour soi ; pour les autres, la miséricorde et le droit suffisent.

    C'est en faisant bien l'homme, ou la femme, qu'on aide l'humanité à se faire.

    Que dois-je faire ? et non pas : Que doivent faire les autres ?
    C'est ce qui distingue la morale du moralisme.

    Tu vaux ce que tu veux, et c'est ce qu'on appelle la vertu.

    Comment n'aimerait-on pas l'argent ? Il faudrait n'aimer rien, puisque l'argent mène à tout.

    Nous n'avons besoin de morale que faute d'amour.

    Le secret, c'est qu'il n'y a pas de secret. Nous sommes des petits enfants égoïstes et malheureux, pleins de peur et de colère...

    Qu'on se le dise la jalousie est un zèle égoïste et malheureux.

    Une idée que personne n'aurait jamais eue, cela a toute chance d'être une sottise !

    Partir, c'est mourir un peu. Ecrire, c'est vivre davantage.

    La science - toute science - est sans conscience ni limites.

    Toute angoisse est imaginaire ; le réel est son antidote.

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    Autres, j'écrivais d'exubérants poèmes
    D'où jaillissait ma vie en rires et en pleurs.
    Je n'avais pas encore appris cette pudeur
    Farouche, de sceller mes lèvres sur moi-même.

    Et voici que ma plume est morte entre mes mains
    Devant l'inexprimable. À quoi bon la souffrance
    De voir toutes les fois qu'un sentiment s'élance
    Se glacer dans les mots son pauvre sang humain.

    Un monde vit en moi, comme en vous vit un monde.
    Qui connaître jamais ses cimes et ses fonds ?
    Moi-même les explore en des incantations
    Railleuses de dépit, dans leurs stériles rondes.

    Aussi par les remous d'orages inconnus
    Mon âme aux profondeurs secrètes et lointaines,
    Suivra dans le chaos des forces et des peines,
    La dure vérité des sentiments à nu.

    Mais je ne dirai rien car il vaut mieux les taire
    Les cris rageurs et vains des cœurs près d 'éclater
    Car l'ordre est établi pour une éternité
    Cet ordre qu'imposa les siècles sur la terre.

    Laissons grouiller le monde au fond de son ennui.
    Et n'arrachons personne au sommeil des légendes.
    Les préjugés sont forts et la bêtise est grande.
    Nul ne peut déchirer les voiles de la nuit.

    Alors laissons les mots loin de nos états d'âme
    Mobilisons-les tous au service d'action
    Extérieure, étrangère, et des révolutions
    Qui fondent aujourd'hui sur l'univers en flamme.

    Oui façonnons un peu, durement le destin.
    Marquons au fer rougi les vieilles décadences.
    Jetons dans le grand feu les antiques créances
    Et préparons tout neufs de flamboyants matins.

    Agissons. Agissons et changeons l'air putride.
    Agissons pour nos nerfs, nos muscles et nos cœurs
    Élisons s'il le faut d'orgueilleuses douleurs
    Plutôt que de subir l'âcre relent du vide.

    Mais il est un royaume invisible et muet
    Où réelle, la vie épanouit ses corolles.
    Un royaume au-delà de toutes les paroles.
    Un royaume au-delà de tout ce que je sais.

    J'enferme en lui, jaloux, mes doutes, mes tempêtes
    Ce qui rit, ce qui saigne et mes espoirs trop beaux
    Et mes rêves trop doux et mes trop lourds sanglots
    Les flux et les reflux de mon cœur à ma tête.

    J'ai cloué dans l'azur, à grands coups de ma Foi
    L'étoile que je veux pour guide tutélaire
    Et mon regard, levé vers elle de la terre,
    Fixera dans le ciel un destin de mon choix.

    Et bien qu'on me verra, dans les fracas de l'heure,
    Marcher en forcené, sans fin, vers les combats,
    Seulement absorbé par ce qu'on ne voit pas,
    J'explorerai toujours mes intimes demeures.

    Et que m'importe alors les nuages aux cieux.
    Qu'importe l'ouragan qui dévaste la plaine
    Et la mort qui répand ses ombres inhumaines
    Si me vient la lumière immense de tes yeux,

    Ô ! Toi qui seule entend les mots vrais de mon âme,
    Seule pour qui ma voix ne se taira jamais,
    Doux miracle accompli des rêves que j'aimais,
    Dans mon royaume élu, ton royaume, Ma Femme,

    Je vivrai, je vivrai réfugié en nous deux.
    Nos regards confondus glisseront sur les choses,
    Sur les êtres, la vie et les mondes moroses
    Pour revenir toujours au Monde merveilleux

    Que seuls nous avons su nous donner l'un à l'autre.
    Tout le reste est folie et mensonge... et robot.
    Ne gâchons rien de nous. Sur les principes faux
    Laissons les impudents faire les bons apôtres.

    Et marchons au soleil, libres, forts, exaltés,
    Lorsque chante en secret la sève dans les branches.
    Ne poursuivons jamais que des joies toutes franches
    Et que jamais nos pleurs ne coulent sans beauté.

    De mon exil vers toi, monte la flamme claire
    De ce lucide amour que porte mon destin
    Bien plus fort que mes soifs et toutes mes faims
    Plus fort que les horreurs gigantesques des guerres

    Je sais que de tout temps existe un carrefour
    Où le bonheur attend de nous rouvrir ses portes
    Et que nos deux chemins, parmi les choses mortes
    Sont tracés par la vie au devant de l'Amour.

    Je sais que ta présence étend sur moi ses ailes.
    Je sais que ma présence est tout entière en Toi,
    Je sais que nous avons mêmes Vœux, mêmes Lois
    Et le même mépris des humaines querelles.

    Je sais que de tout temps, depuis le premier Port,
    Voguent à l'infini nos âmes qui se fondent,
    Comme Dieu le voulut en Une Âme profonde
    En deçà de la vie, au-delà de la mort.

    Nous laisserons sans doute un très fluide sillage
    Sur l'eau pâle des jours. Que ce soit en passant
    Mais regardons-nous vivre : un monde autrement grand
    S'offre à nous qu'à créé notre Éternel Mariage.

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    Humble est la ferme, humbles les hôtes ;
    Le vieux grand-père d'abord,
    Aux épaules larges et hautes
    Aux bras solides encor ;
    Puis, mariés de l'autre année,
    La fermière et le fermier ;
    Puis le roi de la maisonnée,
    L'enfant dans son nid d'osier.

    Depuis un siècle, leur famille,
    Dans cet enclos isolé,
    Tient la charrue et la faucille,
    Sème et moissonne le blé.
    Le grand lit à colonnes torses
    Sert depuis bientôt cent ans,
    Et le même berceau d'écorces
    A bercé tous les enfants.

    La ferme est heureuse : pour elle,
    Avril chante, mai fleurit ;
    Pour elle la fraise nouvelle
    En juin dans l'herbe mûrit ;
    Le verger, pour elle, en automne,
    Répand ses fruits à foison ;
    Et l'enfant robuste lui donne
    La joie en toute saison.

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