• Xavier Grall

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    Viens avec moi
    je te dirai le cri des sternes
    et le psaume des pierres levées
    (...)
    Viens avec moi
    je te dirai les dieux fraternels
    dans les chapelles bleues
    Viens
    nous inventerons un pays mystique
    violentes seront les femmes comme des solstices
    il y aura des nids chantants dans les poutres
    les nefs seront pleines d'hirondelles.

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    J’aurais aimé chanter le triomphe
    Des marées à la corne des caps
    Et la douceur des plages
    Dans les criques pélagiennes
    Un orchestre de pianistes
    Et de harpeurs
    Eût repris le thème de l’antienne
    Sur le gradin des môles
    Car je portais dans mon sang mystique
    Des hymnes marins
    Et des fureurs liturgiques
    J’aurais aimé chanter
    Les varechs verts
    Les germons bleus
    Les daurades d’or
    Les couleurs et les chaos
    Par la harpe et le saxo
    Mon dieu je vous adore !

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    Terre dure de dunes et de pluies
    c'est ici que je loge
    cherchez, vous ne me trouverez pas
    c'est ici, c'est ici que les lézards
    réinventent les menhirs
    c'est ici que je m'invente
    j'ai l'âge des légendes
    j'ai deux mille ans
    vous ne pouvez pas me connaître
    je demeure dans la voix des bardes
    0 rebelles, mes frères
    dans les mares les méduses assassinent les algues
    on ne s'invente jamais qu'au fond des querelles

    Allez dire à la ville
    que je ne reviendrai pas
    dans mes racines je demeure
    Allez dire à la ville qu'à Raguénuès et Kersidan
    la mer conteste la rive
    que les chardons accrochent la chair des enfants
    que l'auroch bleu des marées
    défonce le front des brandes

    Allez dire à la ville
    que c'est ici que je perdure
    roulé aux temps anciens
    des misaines et des haubans
    Allez dire à la ville
    que je ne reviendrai pas

    Poètes et forbans ont même masure
    les chaumes sont pleins de trésors et de rats
    on ne reçoit ici que ceux qui sont en règle avec leur âme sans l'être avec la loi
    les amis des grands vents
    et les oiseaux perdus
    Allez dire la ville
    que je ne reviendrai pas

    Terre dure de dunes et de pluies
    pierres levées sur l'épiphanie des maïs
    chemins tordus comme des croix
    Cornouaille
    tous les chemins vont à la mer
    entre les songes des tamaris
    les paradis gisent au large
    Aven
    Eden
    ria des passereaux
    on met le cap sur la lampe des auberges
    les soirs sont bleus sur les ardoises de Kerdruc
    O pays du sel et du lait
    Allez dire à la ville
    Que c'en est fini
    je ne reviendrai pas
    Le Verbe s'est fait voile et varech
    bruyère et chapelle
    rivage des Gaëls
    en toi, je demeure.

    Allez dire à la ville
    Je ne reviendrai pas.

    http://armanny.blogg.org