-
Max Elskamp
--------------Et de vaisseaux, et de vaisseaux,
Et de voiles, et tant de voiles,
Mes pauvres yeux allez en eaux,
Il en est plus qu'il n'est d'étoiles ;Et cependant je sais, j'en sais
Tant d'étoiles et que j'ai vues
Au-dessus des toits de mes rues,
Et que j'ai sues et que je sais ;Mais des vaisseaux il en est plus,
- Et j'en sais tant qui sont partis -
Mais c'est mon testament ici,
Que de vaisseaux il en est plus ;Et des vaisseaux voici les beaux
Sur la mer, en robes de femmes,
Allés suivant les oriflammes
Au bout du ciel sombré dans l'eau,Et de vaisseaux tant sur les eaux
La mer semble un pays en toile,
Mes pauvres yeux allez en eaux,
Il en est plus qu'il n'est d'étoiles.--------------
Mais maintenant vient une femme,
Et lors voici qu'on va aimer,
Mais maintenant vient une femme
Et lors voici qu'on va pleurer,Et puis qu'on va tout lui donner
De sa maison et de son âme,
Et puis qu'on va tout lui donner
Et lors après qu'on va pleurerCar à présent vient une femme,
Avec ses lèvres pour aimer,
Car à présent vient une femme
Avec sa chair tout en beauté,Et des robes pour la montrer
Sur des balcons, sur des terrasses,
Et des robes pour la montrer
A ceux qui vont, à ceux qui passent,Car maintenant vient une femme
Suivant sa vie pour des baisers,
Car maintenant vient une femme,
Pour s'y complaire et s'en aller.--------------
Et voile à nul souffle bercée,
S'enguidonne d'un beau ciel d'or
Le dimanche très en décor
Pour les femmes de mes pensées :Et les femmes ont dépensé
Leur cœur tout devant les fenêtres
Et creusent, d'amour enlisées,
Jusqu'au pleur ce ciel des fenêtres.Vierges d'attente et de martyre,
Au gril vert des persiennes lasses,
Dans les jardins des croisées basses,
Les femmes, jusqu'à se mourir,Cristallisent rouge aux fenêtres
- Appeau naïvement enfant -
Leur cœur sous les tabliers blancs
Et tels des rideaux aux fenêtres.Or, en vain, les femmes, amantes
D'aimer, se sentent infinies,
Leurs besognes sont définies,
Et, pauvre, leur cœur de servantesFroidit, pour que se fassent blanches
Leurs mains, en très naïves grèves,
Dans la comédie bleue du rêve.
Or passent ainsi les dimanches.http://armanny.blogg.org