• Geoffrey Chaucer

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    Si l'amour n'existe pas, O Dieu, alors qu'est-ce que je ressens ?
    Et si l'amour existe, quelle chose est-il, qui n'est pas le néant ?
    Si l'amour est bon, d'où vient mon malheur ?
    S'il est mauvais, une merveille, il me semble, en demeure,
    Quand chaque adversité et tourment
    Qui viennent de lui, me semblent nectar gourmand,
    Car plus j'en ai soif, plus j'en suis buveur.

    Et s'il vient de mon propre désir que ma brûlure jamais ne soit éteinte,
    D'où viennent mes gémissements et ma plainte ?
    Si mes maux m'agréent, alors à qui est-ce que me plains ?
    Je ne sais pourquoi, infatigable, je n'en défaille pas moins.
    O mort vivace, O doux coup, aux si désuètes arrière-pensées,
    Comment, se peut-il, de toi, y avoir, en moi, si grande quantité,
    A moins que je ne consente que tu sois ainsi invité ?

    Et si j'y consens, elle est à ma charge
    Ma plainte, vraiment: Ainsi ballotté de long en large
    Sans gouvernail dans un bateau je suis;
    Au milieu de la mer, deux risées essuie,
    Qui toujours l'une contre l'autre, soufflent batailleuses.
    Hélas! Quelle est cette maladie merveilleuse ?
    De la chaleur du froid, de la froidure du chaud, mourant je suis...

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