• Patricia Le Marchand

    --------------

    DE PROFUNDIS

    Dites-moi les mots des pauvres gens, ceux qui effleurent le sol de leurs souliers trop grands.
    Dites-moi les maux des pauvres gens, portant haillons de bure, déchirés mais vivants.

    Ils marchent sur la vie, apeurés et bancals, la peur de l’autre les a rendus si mal,
    Qu’ils n’ont que leur regard pour unique pays, et voyagent en rêve dans des mondes interdits.

    Je suis de ces gens-là et je traîne ma peine, sur le velours joli de vos miroirs de haine.
    J’avance sur la terre la robe tâchée de sang, que vous avez giclé sur un tissu trop blanc.

    Si vous m’aviez dit les mots des pauvres gens, simples et vrais, sans jamais me salir,
    J’aurais pu me guérir des maux qui m’ont saignée, sans jamais défaillir.

    Aujourd’hui je suis lasse, et je courbe l’échine que vous avez cassée par tant d’ingratitude.
    Je regarde ma vie s’égrainer peu à peu, je vois venir la fin de toutes mes certitudes.

    Venant peindre vos vies aux rancunes de la mienne, du gris, du noir et si peu de caresses,
    Que ces mots vous questionnent et posent sur vos griffes un semblant de tendresse.

    9/10/2012

    --------------

    LA MORT

    Cette absence de vie qu'on appelle la mort
    Ne serait-ce simplement que l'envers du décor
    Il y aurait des soleils, il y aurait des jardins
    Et les jours couleraient comme des lendemains

    Nous serions lumière et nous serions la vie
    Dansant et voguant par delà l'infini
    De nos corps décharnés nous aurions fait le deuil
    Et quitté à jamais la toile du linceul

    Regarde dans mes yeux, tu y verras mon âme
    Le dernier de mes souffles attisera la flamme
    Je serai près de toi bien plus que tu le crois
    Dans chacun de tes gestes et tes chemins de croix

    Ecoute dans le silence cette voix en dedans
    Tu es riche de ça, habité et vivant
    Et si un jour tu meurs comme meurent les chiens
    Je viendrai te chercher, te montrer le chemin

    Poésie Néo-Classique : 1° prix, concours SPAF 2013.

    --------------

    SA JEUNESSE

    On garde toujours en soi sa jeunesse.
    Elle est en nous dans les jours de détresse
    Comme dans les moments de liesse.
    Il fallait Anna que je te le confesse.

    Je frissonne encore au souffle du vent
    Et d’un air innocent, crois que j’aie du talent.
    Je caresse toujours la mousse des bois,
    Fragile et ébranlée par le moindre faux pas.

    Toutes les rides que tu vois, et bien, n’y crois pas.
    En moi voyagent des images et des bateaux,
    des océans et des oiseaux, et tellement de poésie ;
    car vois-tu Anna, jamais l’esprit ne vieillit.

    Je suis la petite fille toujours émerveillée
    A la vue du petit écureuil libre et perché
    Sur l’arbre de vie au tronc si écorché
    Qu’il pourrait nous faire croire qu’il est désespéré.

    N’oublie jamais d’où tu viens, ton pays.
    Tu es de cette terre sauvage à l’infini
    Qui a donné d’elle-même au péril de sa vie
    Et regarde le ciel dans un sourire ravi.

    Au jour du dernier jour de mes amours anciennes,
    Je garderai ma main dans la tienne.
    Car Anna, vois-tu, il faut que tu comprennes
    Que ma vie sera toujours en toi, souveraine.

    A ma fille chérie, Anna.

    17 Février 2013

    --------------

    Fille de la Mer
    Où t'en vas-tu
    Lorsque tu marches à demi-nue
    Le long des sentiers perdus

    Fille de la Mer Comprends-tu
    L'histoire du vent ton ami
    Qui caresse tes cheveux épis
    Tu passes légère
    Sur la vie En ne laissant derrière
    Que l'effluve des algues chimères
    Toi qui rêve de toucher les baleines
    Le sais-tu Fille de la Mer
    Tu es née d'une Sirène

    Mémoire d'un temps révolu
    Tu es des femmes de marins
    Vêtues de noir
    qui attendaient sans fin
    Longtemps leurs amants disparus
    Vivante, troublante
    Solide comme le rocher
    Contre la vie méchante
    Tu as su t'armer

    Tu dores ta peau
    Au sable chaud
    Culte à la beauté
    Qui laisse les hommes désarmés
    Et tes hanches ondulent
    Vagues du crépuscule
    Le long de ton dos
    Caresse des flots

    Tu es de l'océan l'apanage
    Et à jamais sur cette terre
    Tu resteras l'image sans âge
    De celle qui est venue de la Mer
    Et quand tu seras partie
    Très loin de ton pays
    Tu emporteras dans tes yeux
    Le bleu pur et profond
    De la Mer et des Cieux

    --------------

    Les écrits de Patricia Le Marchand (liens) :

    http://www.publibook.com/librairies/publibook/images/1008PREV.pdf
    http://www.chez.com/damienbe/