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Adélaïde Dufrénoy
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Pourquoi depuis un temps, inquiète et rêveuse,
Suis-je triste au sein des plaisirs ?
Quand tout sourit à mes désirs,
Pourquoi ne suis-je pas heureuse ?
Pourquoi ne vois-je plus venir à mon réveil
La foule des riants mensonges ?
Pourquoi dans les bras du sommeil
Ne trouvé-je plus de doux songes ?
Pourquoi, beaux-arts, pourquoi vos charmes souverains
N'enflamment-ils plus mon délire ?
Pourquoi mon infidèle lyre
S'échappe-t-elle de mes mains ?
Quel est ce poison lent qui pénètre mes veines
Et m'abreuve de ses langueurs ?
Quand mon âme n'a point de peine,
Pourquoi mes yeux ont-ils des pleurs ?--------------
Passer ses jours à désirer,
Sans trop savoir ce qu'on désire ;
Au même instant rire et pleurer,
Sans raison de pleurer et sans raison de rire ;Redouter le matin et le soir souhaiter
D'avoir toujours droit de se plaindre,
Craindre quand on doit se flatter,
Et se flatter quand on doit craindre ;Adorer, haïr son tourment ;
À la fois s'effrayer, se jouer des entraves ;
Glisser légèrement sur les affaires graves,
Pour traiter un rien gravement,Se montrer tour à tour dissimulé, sincère,
Timide, audacieux, crédule, méfiant ;
Trembler en tout sacrifiant,
De n'en point encore assez faire ;Soupçonner les amis qu'on devrait estimer ;
Être le jour, la nuit, en guerre avec soi-même ;
Voilà ce qu'on se plaint de sentir quand on aime,
Et de ne plus sentir quand on cesse d'aimer.(Cliquez sur les liens ci-dessus ... Et mettre le son)
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