L'Éternité
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer allée
Avec le soleil.
Âme sentinelle,
Murmurons l'aveu
De la nuit si nulle
Et du jour en feu.
Des humains suffrages,
Des communs élans
Là tu te dégages
Et voles selon.
Puisque de vous seules,
Braises de satin,
Le Devoir s'exhale
Sans qu'on dise : enfin.
Là pas d'espérance,
Nul orietur.
Science avec patience,
Le supplice est sûr.
Elle est retrouvée.
Quoi ? — L'Éternité.
C'est la mer mêlée
Au soleil...
Arthur Rimbaud
Une saison en Enfer
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Vieil océan, aux vagues de cristal, tu ressembles proportionnellement
à ces marques azurées que l'on voit sur le dos meurtri des mousses; tu es un immense bleu, appliqué
sur le corps de la terre : j'aime cette comparaison.
Ainsi, à ton premier aspect,
un souffle prolongé de tristesse, qu'on croirait être le murmure de ta brise suave, passe, en laissant des ineffaçables traces, sur l'âme profondément ébranlée,
et tu rappelles au souvenir de tes amants, sans qu'on s'en rende toujours compte,
les rudes commencements de l'homme, où il fait connaissance avec la douleur qui ne le quitte plus.
Je te salue, vieil océan !
Isidore Ducasse
Comte de Lautréamont
Les chants de Maldoror
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– Rien. – Elle restait là, stupide,
N'entendant pas sonner le vide
Et regardant passer le vent...
Tristan Corbière
Les Amours jaunes
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Le vol de l’heure émigre en des infinis sombres,
Le ciel plane, un pas se lève dans le silence,
L’aube indique les fûts dans la forêt de l’ombre,
Et c’est la Vie, énorme encore qui recommence !
Léon Deubel
Paradis des albatros
La nuit est claire avec ses étoiles,
Les arbres forment une tonnelle.
Les chuchotements se distillent
À l’écoute féline d'une sentinelle ...
Armanny
Ah ! Que la pensée est belle quand on lui trouve des images ...
Aimer les jardins, la pluie, les orages, la vague des saisons,
le voile d’un sourire ...
Toujours, derrière les nuages, existera ce même soleil !
Armanny
En chaque cercle la vie engendre de nouvelles formes et chaque coquille renferme des perles que le soleil n’a jamais vues.
Nous sommes nés seuls, nous vivons seuls,
nous mourons seuls !
Ce n'est que par notre amour et l'amitié,
que nous pouvons créer l'illusion d'un instant,
de ne pas être seul !
Armanny
Un jour viendront les heures
Pour moi
Sans prévenir
J'irai griffer la traîne
Des nuages
Qui s'en viennent
Et qui s'en vont là-bas
L’Ailleurs
A bout de bras
J'effleurerai vos yeux
De mots
En filigranes
Amours inavouées
Pour ceux
Qui se condamnent
Sur le fil des Adieux
J'irai
Sans avoir peur
Je pleurerai des roses
Sur vous
Sans regretter
De ces dentelles écloses
Que nul
Ne peut toucher
Et qui de vous à moi
N'auront
Jamais été
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Au jardin des chevaux de passe
La lune effleure la Roseraie
Semblant aux étoiles qui s'effacent
De vous naguère j'imaginais
Destin tremblant vos yeux griffés
S'en vont aux ombres qui m'entraînent
En vain là où vont les années
Souvenez-vous qu'elles s'en souviennent
Et renaissent aux reflets Passèrent
Au jardin les chevaux de passe
Vous y chercherez la lumière des Roseraies
Les Amours lasses
Au miroir tout s'enfuit et passe
Hubert Mourer
(1953 - 2018)
" Le Livre a 20 ans "